Passage d'une rivière toujours très délicat !!!! et là le pont est encore à peu près en état !
Le moyen de locomotion le plus employé ; la moto .


Seuls dans la jungle…
(à lire absolument !!!! pour comprendre les conditions de vie de Martine)
Comme vous le savez déjà, nous préparons les « Journées du Droit de l’Enfant dans le Sankuru ». Les manifestations doivent se dérouler à Lodja puis à 150 Km, à Tshumbe.
C’est un travail énorme ! Nous accueillons à Lodja l’ambassadeur de Grande-Bretagne en RDC, l’ambassadrice spéciale des enfants du Congo et de nombreuses personnalités des ONG internationales basées en RDC et responsables politiques.
Vous imaginez le problème de logistique en brousse pour que tout soit OK ! Bref nous avons formé une petite équipe qui se démène pour régler tous les problèmes d’organisation. Heureusement que nous avons Internet car çà serait impossible.
Lors de ces journées, des milliers d’enfants seront mobilisés à Lodja sur l’axe Lodja-Tshumbe et à Tshumbe. Votre super Martine est chargée de coordonner toute l’organisation. J’avoue qu’en ce moment je ne dors pas beaucoup car la date du 20/02 approche et la pression monte.
Comme je veux être sûre que tout roule, je décide de me rendre à Tshumbe avec le Père Duda.
Notre jeep de Caritas est partie à Lubefu pour les derniers travaux de la mise en route de la pompe. Nous devons donc partir en moto.
Départ à 8h 30 de Lodja arrivée à 11h 00 à Okolo (75 Km de route de rallye.) Nous déjeunons avec l’abbé Jules curé de la paroisse et nous lui annonçons qu’il va recevoir des invités de marque dans quelques jours. Il va y avoir de l’ambiance au village… Puis nous reprenons notre chemin vers Tshumbe. La piste est infestée de bancs de sable. C’est la lutte au guidon. C’est le Paris-Dakar…
A l’entrée d’un village c’est la chute dans le sable. Les habitants approchent éberlués de voir deux blancs couchés par terre sous une moto. A voir leur tête çà semble très rigolo ! Heureusement pas de casse, car nous étions au ralenti. Je m’en tire avec un bleu de plus au mollet et le père rien du tout. Après tout c’était peut être bien rigolo…
Nous arrivons à Tshumbe vers 16h 30 et la course commence pour rencontrer toutes les personnes qui doivent organiser la réception des autorités à Tshumbe. Après une bonne nuit de sommeil, nos partons visiter le centre de rattrapage scolaire gratuit que nous avons créé avec l’aide de UNICEF pour les enfants pauvres. Nous faisons la distribution de cahiers, bics, ardoises et craies aux enfants. C’est la joie pour tous ces enfants qui n’ont pour la plupart jamais mis les pieds dans un école et ces enfants démobilisés après la guerre qui vont pouvoir continuer l‘école où ils avaient arrêté.
14h 15, nous sommes sur le départ. Nous ajoutons un peu d’essence dans la moto. Avec 17 litres nous faisons un aller et retour.
Nous nous arrêtons à Ohélé rencontrer le chef de secteur pour la mobilisation des enfants tout au long de la route le jour de notre passage avec les autorités, puis nous repartons. Il n’a pas plu depuis deux jours. Le soleil est intense et le sable cruel… C’est pire qu’à l’aller ! Pourtant aucune chute cette fois. 20 Km avant Lodja, la moto commence à toussoter…. C’est la panne sèche ! Avec tout ce sable nous avons consommé plus que d’habitude et nous voilà dans la panade. Heureusement le ciel nous accompagne nous sommes dans un petit village. Les curieux sortent de leur case. Il est 18h 30 et la nuit commence à tomber…. Evidemment pas question d’un hyper marché dans le coin pour faire le plein ! Gentillement, un jeune garçon nous propose l’hospitalité, le temps pour lui de prendre un vélo et d’aller à 5 Km chez le chef du village voisin qui a une moto et qui devrait nous céder 2 litres d’essence. Nous nous installons sous la lune en attendant son retour.
C’est toujours à ce moment de l’histoire que je suis prise d’une envie pressante… Bref, une petite fille m’accompagne jusqu’à la « cabane au fond du jardin… »
Çà craint ! Heureusement j’ai ma torche frontale (Il faut s’équiper Décathlon pour la brousse).
Je vise où je mets les pieds, mais malheureusement, alors que j’abaisse mon pantalon (spécial brousse), le sol s’effondre sous mon pied droit. Je me jette en arrière et me retrouve assise sur un sol d’une propreté plus que douteuse, la jambe droite enfoncée jusqu’au genou dans la fosse ! Quelle horreur ! Maintenant, pas de panique délicatement je dégage ma jambe avant que tout ne s’effondre. Pouah ! Beurk ! Il faut pourtant que je continue là où je me suis arrêtée car mon premier problème n’est pas réglé…
Je fuis cet endroit maudit et me précipite vers le père Duda pour lui raconter mon aventure... Evidemment il s’effondre de rire. J’ai eu de la chance.
Notre jeune chercheur d’essence revient au bout d’une heure. Il n’a trouvé qu’un petit quart de litre ! Nous décidons de repartir et de nous arrêter à chaque hameau pour demander de l’essence. On nous indique un endroit « pas loin.» Un maison avec un toit en tôles. Avec ma torche je scrute le côté droit de la piste. Çà y est c’est là ! Tût ! Tût. Un garçon sort et nous dit : « essence bu, ambushila » (Pas d’essence, c’est terminé) Nous sommes décomposés. Nous commençons à envisager de demander l’hospitalité pour la nuit dans une case. Au bout de 5 Km c’est à nouveau la panne sèche ! Nous sommes fichus et épuisés. Mais non ! Un ado s’avance et nous propose de pousser la moto un peu plus loin ; Il paraît qu’un autre chef a de l’essence. Malheureusement encore une fois : « ambushila ! »
Quand tout à coup sort « de la jungle, terrible jungle où le lion est mort ce soir… » un gamin avec un bidon et un entonnoir à la main. C’est surréaliste ! Il a appris par le tam-tam local que deux blancs perdus dans la nuit cherchaient du carburant.
Nous lui achetons donc le contenu de son bidon (1,5 L) au prix de l’or. Le liquide salvateur est versé dans le réservoir. La couleur est suspecte mais le jeune garçon nous nous garanti : « Eko pudi pudi » (C’est très propre). Bon, nous verrons bien.
Nous n’avons pas long à attendre. Au bout de 500 mètres, la moto s’étouffe. Nous redémarrons pour caler un peu plus loin puis ainsi de suite sur environ 3 Km. Puis, fini ! Plus moyen de relancer la machine. C’est foutu !
Il est 21h 00 la nuit est noire, sans un brin de lune. Nous sommes dans une forêt de bambous. Pas un chat et heureusement pas un léopard dans le coin… Je me souviens que quelques centaines de mètres plus en arrière, il y a un petit endroit sur une butte où on peu capter le réseau téléphonique de Lodja. Pendant que le père essaye de se battre avec le kick de la moto, je pars COURAGEUSEMENT seule dans la forêt noire avec ma lampe frontale ; Moi qui ai peur dans le noir, je suis servie ! J’entends toutes sortes de bruits étranges. Je me retourne sans cesse pour balayer les alentour avec le faisceau de ma torche. Les chauves souris font du rase motte au-dessus de ma tête. J’ai une de ces pétoche ! Je pense à ma fidèle Bilouise qui m’attends depuis 20h 00 à la maison. Elle doit être en train de réciter son vingtième chapelet. Tout à coup j’aperçois 2 petites barres sur mon téléphone que je tiens en l’air. Je me hisse sur un butte et j’appelle Jean-Pierre, notre comptable de la Caritas. Il cherche 2 motos et va venir à notre secours. Je lui explique où nous sommes. C’est à 12 km de Lodja.
Nous poussons la moto sur un petit kilomètre jusqu’au pont Loheye où nous nous installons sur les bancs du petit marché. La lumière de la torche faiblit. Pleine ressources la Titine ! je sors une bougie de mon sac et la pose à nos pieds.
Le père Duda très habitué à ce genre de situation rêve de son lit. Moi je ris à posteriori de mon aventure de la cabane au fond du jardin. Quelle histoire ! Çà restera dans les annales du coin. Après tout la situation est cocasse. Je savoure le moment. Nous sommes seuls dans la forêt pleine de bestioles pas vraiment sympa. Un rat des bois gratouille derrière moi. Il cherche quelques grains de riz laissés par les marchands. Beurk !
Tiens bizarre, un ray de lumière se dirige vers nous. Ce sont 2 policiers en patrouille de nuit. Nous leur expliquons notre présence là, à cette heure. Ce qui les intéresse c’est surtout d’obtenir un peu d’argent. Ils ont « faim ». A mon avis vu leur état, ils ont plutôt soif…. Un de deux tient à peine debout. Nous palabrons. Nous avons donné nos derniers sous à ce sale gamin pour son essence « pudi pudi » cause de tous nos ennuis. Ils doutent. Je leur propose une cigarette (ici çà dépanne de fumer…). Ok, çà va aller. Nous nous retournons brusquement. De l’autre côté du pont, un bruit de moteur. Ouf, c’est Jean- Pierre qui arrive. Notre sauveur.
Nous enfourchons la DT qu’il nous tend et filons sans demander de reste. Les derniers kilomètres sont terribles. Nous sommes terrassés par la fatigue.
22h 15, me voilà chez moi. Le père doit encore faire 8 km pour être dans son lit. Le pauvre !
Désillusions : Bilouise dors…. Mais le repas est sur la table. Yayo ! là voilà.
Je commence à raconter l’histoire pour la première fois…