Bonjour Monsieur,
Je viens de recevoir par différents canaux plusieurs mails adressés par vous au sujet des orphelins du diocèse de Tshumbe. Je m'appelle Martine Bergé et je travaille au diocèse de Tshumbe depuis 2004 comme volontaire.
Je m'étonne de vos réactions car vous dites dans un message adressé à Monsieur Abecassera que vous avez vécu en RDC. Vos connaissances des coutumes locales concernant le noyau familial au Sankuru me semblent d'une époque très ancienne et incomplètes.
Il est vrai que la famille "élargie" est "sensée" rassembler tous les enfants orphelins.
Vous ne restez sûrement pas sans ignorer les calamités qu'a subi la RDC et en particulier le Sankuru, ces dernières années.
Le niveau de vie est très bas, la malaria et le SIDA tuent chaque jour des milliers de gens. Le Sankuru et en particulier Lodja, a le plus fort taux de prévalence du VIH SIDA en RDC.
Contrairement à ce que vous pensez, les orphelins sont légions.
La majorité de la population de la RDC a moins de 18 ans.
Lors de mes missions à l'intérieur je traverse des dizaines de villages rempli d'enfants nus, et mal nutris.Beaucoup sont orphelins. Bien sûr dans les petits villages de brousse, les orphelins sont recueillis, mais dans les les plus grands villages ou les petites cités comme Lodja, beaucoup errent dans les rues. Ils dorment dans les cases du marché ou dans des écoles ou des abris de fortune. Certains perdent la raison ou ont de graves problèmes psychologiques et sont alors considérés comme des enfants sorciers et rejetés par la société.
Monseigneur Nicolas Djomo, évêque de notre diocèse de Tshumbe, se bat afin de soulager la misère de ces enfants. Nous essayons par les actions de la Caritas Tshumbe et lors de nos voyages à l'étranger de sensibiliser à la misère des enfants du Sankuru. Je suis effarée que vous puissiez croire qu'il n'y a pas d'orphelins au Sankuru ou même que vous pensiez que les familles élargies puissent absorber ceux qui existent. Sachez que des dizaines d'orphelinats n'y suffiraient pas. Nous faisons ce que nous pouvons avec le peu de moyens dont nous disposons.
Le Sankuru est très enclavé. Et bien sûr aucune guerre ni aucune tuerie ne'attire l'attention en ce moment. (HEUREUSEMENT). La population est restée exangue après les dernières rébellions. De nombreuses femmes sont restées veuves avec des enfants, des centaines ont été violées et leur mari massacré sous leurs yeux et ceux de leurs enfants, des milliers d'enfants sont restés orphelins. J'ai eu des centaines de témoignages de ces femmes. Je vis avec elles et leurs enfants et en tant que femme et française je souffre pour elles et leurs petits.
C'est pourquoi, je vais arréter là car je pourrais vous écrire pendant des heures pour vous décrire la situation mais je préfère vous inviter à venir sur place vous rendre compte de cette misère.
Le Sankuru souffre en silence...
Martine Bergé
____________________
Mme Martine BERGE
Coordinatrice de projets
Caritas Tshumbe
Diocèse de Tshumbe
Kasaï-Oriental. RD Congo
0810 720 624
Skype: berge.martine
Site: http://martineocongo.wifeo.com
En date de : Mer 31.12.08, SANKURU FORUM <sankuruforum@hotmail.com> a écrit :
De: SANKURU FORUM <sankuruforum@hotmail.com>
Objet: [sankuruforum] Les Sankurois de 2008
À: sankuruforum@groupesyahoo.ca
Date: Mercredi 31 Décembre 2008, 7h34
Chers frères et sœurs,
Les années passent et se succèdent, c’est au tour de 2008 et 2009 de se prêter à cet exercice, mais chez nous comme aussi beaucoup ailleurs, certains rituels médiatiques ne changent pas.
En effet, le Comité de la Modération de Sankuru Forum, demeure jusqu’ici fidèle à sa tradition de désigner chaque année «une personnalité de l’année» qui pourrait facultativement être suivie d’une, deux ou trois autres.
Pour l’année 2008, la Modération de Sankuru Forum Otemakalanga a porté son choix sur le pilote Usungu Utshudi Paul pour son courage de reconnaître sur la place plus que publique d’avoir été atteint du Sida, un exercice très difficile, pour ne pas dire quasi impossible, à accomplir par nos confrères et consœurs (Sankurois, pour être beaucoup plus précis) atteints d’un mal regardé avec dédain et répugnance par la société. Et il l’a fait pour venir en aide aux victimes de nombreux fléaux qui se voient vouées à une tragédie faute de connaissances et du savoir faire. Il n’est qu’au tout début de ses intentions.
Paul Usungu Utshudi
En seconde position, nous avons classé ex aequo Monsieur l’Abbé Adalbert Nyeme et Mama Ndowa (Martine Berge) pour les œuvres qu’ils réalisent pour le Sankuru, lesquelles ne nécessitent plus d’être présentées.
Abbé Adalbert Nyeme Mama Ndowa Martine B.
Enfin, nous avons porté notre choix sur notre frère Lushima Shangema Benoit, une personne aux attributs très simplistes, pour sa bravoure et sa perspicacité remarquables et remarquées d’avoir été, à un moment de l’année, le seul à se jeter à l’eau, avec promptitude et sans hésitation, pour porter secours – et pour avoir réussi avec brio à donner ce secours – à un Sankurois qui était en danger virtuel entrain d’être dépecé sans ménagement par une foule et une espèce très dangereuse de requins furieux, déchainés, impitoyables et insaisissables, aux longues dents très tranchantes, sous les yeux d'une assistance nombreuse dont les uns étaient effrayés ou poltrons, les autres soit indifférents et silencieux, soit encore entrain de jubiler.
Benoit Lushima Shangema
Notre choix n’est pas exhaustif, il y en a d’autres, même celles que nous avons déjà choisies. Mais nous avons été guidés aussi par le souci d’alternance. Nous faisons donc appel à l’humilité et à la compréhension de tous et chacun. «Il y a de la place pour tout le monde, mais il n'y a pas de la place pour tout le monde à la fois ».
Désenclavement, appui à l’autosuffisance et
assistance aux plus vulnérables.
Le plus grand problème du Sankuru d’où découle un taux de pauvreté et de vulnérabilité important de sa population est l’enclavement.
Tout au long des projets initiés par
En juillet/Août 2007 : construction des ponts Ongomadi (
Mars/avril 2008 : Construction des ponts Lonya (
1° février 2008 : Début du projet en HIMO de « réhabilitation de l’axe de
Depuis la fin de la guerre la population de cette zone n’a reçu aucune aide humanitaire et vit dans des conditions d’une vulnérabilité extrême. 5 petites écoles primaires en matériaux locaux et démunies de tout pour deux groupements de Bambole, Balanga et 24 villages, les enfants auto démobilisés des groupes rebelles May May sont en grand nombre, les femmes victimes des violences sexuelles traumatisées et stigmatisées par la guerre n’ont reçu aucune assistance, un seul centre de santé et dépourvu de matériel et de médicaments, les ménages ne sont équipés de quasi aucun ustensile de cuisine, (les repas sont pris sur de larges feuilles), etc.… l’enclavement de cet axe du à la disparition de la route ne permet pas actuellement de porter assistance à ses riverains.
C’est pourquoi,
Dans son programme d’assistance aux vulnérables,
Dans le cadre de l’assistance aux orphelins du diocèse de Tshumbe, deux orphelinats sont gérés par
Dans les prochains mois, les travaux de construction d’un home pour personnes âgées vulnérables vont débuter à Lodja. Ce projet a été initié sur une suggestion de son Excellence le Nonce Apostolique de Kinshasa Monseigneur Giovanni d’Anielo et financé par
Dans un souci de désenclavement intellectuel,
Parallèlement à ces formations, un bureau Internet est mis à disposition dans les locaux de
Unique point local Internet, il est aussi un outil de travail important pour les ONG oeuvrant dans notre région.
Intérieur case Axe Kiomi/Pole-Pole Orphelin présenté à Caritas Lodja Etangs Rotary/Caritas à Lodja
Ecole d’informatique appui Ambassade de Pologne
14 JUILLET 2008
Ambassade de France
Kinshasa
Monsieur l’ambassadeur, Madame,
Je vous remercie de me recevoir ici, en France et le jour de notre fête nationale, à l’occasion de ma remise de grade de chevalier de l’ordre du mérite national.
Je vous remercie tout particulièrement Monsieur l’ambassadeur d’avoir accepté d’être mon parrain dans cet ordre car je suis issue comme vous de la grande famille de la gendarmerie nationale.
Excellence Monseigneur le Nonce Apostolique,
Excellences Messieurs les Ministres,
Honorables députés,
Honorables sénateurs,
Monsieur le Coordinateur humanitaire en RD Congo,
Excellence Monseigneur l’évêque du diocèse de Tshumbe,
Chers amis,
Chères Maman et Diane (ma fille aînée)
Je suis aujourd’hui heureuse et fière de recevoir de mon gouvernement une reconnaissance pour mes actions auprès de la population vulnérable du Sankuru en République Démocratique du Congo.
J’ai désiré que cette récompense me soit remise à Kinshasa, en présence de vous tous, car je tiens à partager cette reconnaissance avec vous.
Lorsque je suis arrivée en avril 2004, comme volontaire du Service de Coopération au Développement, j’ai été accueillie par la grande famille des Atetelas comme leur fille.
Losaka efula.
J’ai appris à les connaître, les apprécier et les aimer.
Je tiens en tout premier lieu à remercier Monseigneur Nicolas Djomo pour sa confiance et son appui parfois dans des moments difficiles.
Il m’a permis de collaborer avec un homme exceptionnel qu’est le directeur de la Caritas Tshumbe, le révérend père Duda Czeslaw. C’est auprès de lui que j’ai fait « mes classes » d’humanitaire. Ses 25 ans de service auprès des plus pauvres des « analengos » m’ont servi d’exemple.
L’équipe dont il s’est entouré à la Caritas Tshumbe travaille dans un même esprit droit, efficace et avec cœur.
C’est grâce à vous tous que je me suis donnée corps et âme pour la cause des enfants du Sankuru et c’est pour cela que nous sommes ensemble aujourd’hui.
Je suis heureuse de dire ce soir, que des aînés du Sankuru aujourd’hui en poste auprès des instances du gouvernement n’oublient pas leurs petits frères qui souffrent au village. Nous avons besoin de vous tous.
Je remercie le Coordinateur Humanitaire, Monsieur Ross Mountain, de nous avoir fait confiance et du nous appuyer dans l’assistance aux populations les plus oubliées du Sankuru. Au fin fond de la forêt équatoriale, les congolais vivent comme dans une autre époque, mangeant sur des feuilles et presque nus.
Grâce à l’axe humanitaire que nous ouvrons actuellement, dans le cadre du Pooled Fund les enfants pourront désormais naître et grandir avec une assistance médicale, aller à l’école, bénéficier des programmes de protection, porter des habits.
Tout ce qui nous semble si évident pour nos propres enfants.
Je remercie aussi les Clubs rotariens de Kinshasa et de la région de Lyon-Grenoble et Kiwanis du Var pour leur appui sur les projets en faveur des mamans et des enfants orphelins ainsi pour le programme d’appui nutritionnel avec 150 étangs de pisciculture.
Je voudrais souligner le geste de grand cœur de S.E. Danielo, avec l’appui duquel, la Caritas va bientôt réaliser la construction d’une maison de retraite pour 30 personnes âgées vulnérables. C’est un projet magnifique qui nous rappelle nos devoirs envers nos anciens.
La route est longue, mais avec autant de solidarité et de bonne collaboration nous sommes sur la bonne voie pour un développement durable. Nous devons garder dans nos projets un esprit de formation à l’autonomie des populations afin que bientôt elles puissent continuer sur la lancée.
Je voudrais conclure en disant à ma famille que je l’aime et la remercier de m’avoir laissé quitter le nid douillet de notre belle Provence malgré des serrements de cœur.
Merci d’animer notre association « Ona ele Ona » afin que les enfants de France ouvrent les yeux sur la vie de leurs petits frères Congolais et participent aux actions.
Je vous remercie
Martine BERGE
Depuis ces derniers jours, beaucoup d'enfants arrivent chez moi et à la Caritas dans des états de malnutrition terrible. J'ai fait appel au Médecin Directeur de l'hôpital de Lodja et au Dr Loka de Etoile du Sankuru, pour faire une action durable. J'ai enfin reçu les médicaments du réseau des mamans, don du Rotary. La dernière barge venant de Kinshasa est arrivée.
J'ai commencé par donner une petit stock de ces médicaments à la pharmacie communautaire des volontaires de SHENYUMBE (territoire e Lodja) pour les bébés orphelins du réseau des mamans et les autres médicaments sont donnés par l'intermédiaire des médecins de l'hôpital au coup par coup.
Beaucoup d'enfants sont très anémiés et ont doit leur faire des transfusions ainsi qu'à des mamans vulnérables lors des accouchements par césarienne.
Le Directeur de l'hôpital m'a dit avoir un frigo à pétrole mais rien pour l'alimenter. Il me reste 1000 $ de l'an dernier, de notre association "Ona ele ona".
Nous avons décidé ensemble d'ouvrir une consultation et hospitalisation pour enfants vulnérables à partir du 8 septembre.
Je leurs est donc fait un don de sa part de 400 $ ce jour.
150 $ pour la réparation (soudure) de 10 lits et 250 $ pour acheter 10 litres de pétrole qui permettront de faire tourner le frigo pour 30 jours.
Parallèlement nous organisons une sensibilisation de masse pour le don du sang auprès de la population. Début de la campagne le 30 Août.
Nous voulons que le sang soit gratuit pour tous dès que la banque sera fonctionnelle.
Notre objectif est maintenant de trouver 3000 $ par an pour faire fonctionner le frigo.....
et un peu plus si possible pour renouveler le stock de médicaments.
A votre bon coeur.......
Martine O Congo
Dernières nouvelles, avant son départ, Martine s’est rendue dans la classe de CM2 de l’école Don Bosco de St Cyr sur Mer dans le Var, les enfants lui ont remis une petite somme, fruit de la vente de gâteaux qu’ils avaient fait. Cette somme servira à Martine pour organiser un bon et copieux repas de Noël pour les enfants des rues.
Si vous aussi, vous désirez aider Martine, rendez-vous dans la rubrique "contacts".
Repas du 1er janvier 2007
Les enfants de la classe de Cm2 de l’école primaire Don Bosco à St Cyr sur mer (France) m’avaient confié 245 euros pour organiser un grand repas pour la nouvelle année avec les enfants des rues. Nous avons lancé des appels à la radio et sur les marchés. Environ 200 enfants se sont présentés et ont mangé gratuitement. Au menu, riz, feuilles de manioc, porc, chèvre, poulets, ananas, grenadine et bonbons, Une superbe fête, tout le monde en parle. Merci aux enfants de Don Bosco pour leur grand cœur.
Bonne année à tous.
Lodja le 22 janvier 2007
A peine arrivée dans sa famille française, Martine est invitée par sa famille sankuroise. Les Atetelas de Paris ont tenu à la rencontrer afin de la remercier de son travail avec la Caritas au Sankuru. Une petite conférence est organisée durant laquelle elle projettera les dernières images de leur Sankuru natal. Chacun est ému par la situation dont ils ne semblent pas connaître la réalité.
Sur le retour vers le sud de la France, Martine rend visite aux membres du Rotary Club de Lyon qui sont venu en appui sur certains projets au Sankuru.
Dès son arrivée à Toulon, Martine est invitée par les enfants de CM2 de l’école Don Bosco à St Cyr sur mer (Var) à assister à la « Pastorale des santons de Provence » pour la célébration de Noël. Cette journée sera sans doute forte en émotions car Martine rencontrera tous les enfants de l’établissement ayant participé à différentes actions comme le repas du jour de l’an pour 300 enfants des rues et vulnérables de Lodja et la construction du pont « Ona ele Ona » sur la rivière Ongomadi.
Après un Noël en famille avec ses deux filles Diane et Ariane, elle se dirige comme chaque année vers Lourdes dont elle est originaire avant de rentrer en RDC.
INAUGURATION PONT « ONA ELE ONA »
Nous attendions pour fixer la date d’inauguration du pont « ONA ELE ONA », le retour des Etats Unis dans son diocèse de Tshumbe de Monseigneur Nicolas Djomo.
Depuis un mois les gens qui circulent entre
Le vendredi 26 octobre à midi, nous arrivons à Shilo, l’équipe Caritas au grand complet afin de préparer les cérémonies du lendemain. Le technicien des ponts, Alfred et notre logisticien, papa Jules partent au pont planter le panneau que nous avons préparé. Moi, j’aide maman Antoinette Otshudi à l’organisation de l’accueil de Monseigneur Djomo.
Vers 15 h, nous partons en direction du groupement voisin de Ahamba Dikoko, chez le « chef des léopards », à
Puis nous continuons à « ouvrir » la route en coupant les branches basses et déplaçant les troncs gênant le passage. Arrivés aux petits ponts l’écartement des planches et des troncs n’est pas bon. Il faut modifier car la jeep de l’évêque est plus large que la notre : au travail !
Enfin klaxon au taquet, nous entrons dans le village. La population est au délire, 99 % des gens n’ont jamais vu de véhicule. Un enfants venu depuis peu du Maniema voisin fuit en hurlant : « Une maison roule au milieu du village ! ». En quelques minutes tout le monde est regroupé autour de notre Jeep. Des centaines de mamans de papas et d’enfants curieux nous accueillent aux cris de « Yayo, Yayo, Nsambi losaka » (Bienvenue, Seigneur merci).
Le chef nous reçoit. Une vieille maman vient me parler : « Vous nous avez sauvé. Vous ne vous imaginez pas ce que représente l’arrivée de votre jeep dans notre village. Nous étions abandonnés du monde. On nous avait oublié ! C’est le seigneur qui vous envoi nous sauver. ».
Ahamba Dikoko est un très grand village qui produit beaucoup de bananes plantins, tomates, oignons et poissons de la rivière Lomami. Les enfants y sont nus mais beaux et bien nourris. Maintenant avec la circulation, les produits de la récolte pourront être acheminés vers les centres comme Tshumbe, Lubefu et Lodja. L’argent va commencer à circuler et les enfants auront des habits, une école et un vrai centre de santé.
Nous devons à regret quitter nos amis, car nous voulons ouvrir une deuxième route après Shilo au cas ou Monseigneur Djomo voudrait s’y rendre.
Au retour, dans le passage que travaillaient les gens de Ahamba, nous faisons une pose « embourbement » de près d’une heure. La terre argileuse fraîchement retournée est trop molle.
Nous dépassons Shilo et continuons en direction des villages de Denge et Vanga Yeta.
Là, c’est pire qu’à Ahamba. Non seulement on n’a jamais vu de véhicule, mais jamais de « blanc » non plus !
Je suis l’attraction autant que la jeep ! A ma descente du véhicule, je suis recouverte de centaines de mains qui touchent ma peau et mes cheveux. On m’étouffe en criant « Yayo osungu ! » (Bienvenue la blanche !). Je suis submergée. Notre logisticien très pratique me fait asseoir sur le capot et nous commençons à rouler au pas à travers le village… Nous nous arrêtons saluer le chef et continuons sur Vanga Yeta. Là bas même scénario…
Maman Antoinette nous attend à Shilo. Nous tombons de sommeil. Après toutes ces émotions je rêve des premiers explorateurs blancs arrivés dans ces contrés reculées…
Samedi matin, c’est le branle bas de combat. Tout le monde est mobilisé. Il faut planter les rameaux de palmiers de bienvenue, décorer le pont pour saluer l’arrivée de l’évêque, tuer les pauvres cochon, chèvre et poules. Installer la grande case en réfectoire et préparer les chambres pour la délégation venant de Tshumbe.
La population s’est massée dans les villages sur les 40 kms qui séparent la bifurcation vers Kindu à la rivière Ongomadi. Tous les chefs coutumiers attendent la délégation au pont avec une partie de la population des villages les plus proches.
Monseigneur Djomo arrive vers midi. La chorale de l’église de Wembonyama a fait le déplacement avec le curé, le griot est là ainsi que les danseurs « Akamba » (dernier groupe traditionnel de
Nous assistons à deux cérémonies parallèles.
La première, sera la coupe du ruban, la découverte du panneau inaugural et la bénédiction du pont par l’évêque au chants de la chorale catholique.
La seconde coutumière, menée par le chef Onya de Shilo au sons des Lokombes (tam-tams locaux) et des gongs traditionnels. On lance la danse des chefs pendant que des hommes accompagnés du chef portent une chèvre au centre du pont. Là ont l’égorge (avec mon couteau Laguiole : vive
Puis c’est l’avancée vers le village sous les « Yayo » de la population en délire. C’est la première visite de l’évêque dans ce coin isolé de son diocèse accessible maintenant grâce au « pont ONA ELE ONA ».
Après le repas traditionnel, Monseigneur décide de partir vers Ahamba Dikoko. La pluie qui a accompagné l’heure du repas nous inquiète. Le passage où nous nous sommes embourbés la veille risque d’être compliqué. Qu’à cela ne tienne, nous tentons avec notre jeep Caritas. Il est 15 heures, nous avons encore du temps avant la nuit.
La prévision se trouve exacte. Nous nous embourbons au même endroit ! A près une demi heure de lutte dans la boue, l’évêque est décidé. La population l’attend. Il doit y aller. Le voilà soutane remontée dans les poches qui enfourche la moto cross conduite par le curé Abbé Emmanuel qui nous suivait. Les voilà partis !
Des centaines de personnes l’acclament ! C’est un triomphe ! Il a bravé la route à moto pour arriver jusqu’à eux.
Chez le chef, on lui offre les fruits de la récolte puis on lui présente une machette, une couverture, et un gobelet : « Monseigneur, pendant la guerre, les Maï-maï ont pillé et brûlé notre village. Battu notre chef et l’on laissé pour mort. Nous étions nus et désemparés. Vous nous êtes venu en aide. Voici le produit de notre récolte que nous avons pu faire grâce à vous. Voici la machette qui nous a permis de reprendre la culture de nos champs. Voici la couverture qui nous a permis de nous protéger des nuits froides et de nous aider à conserver la santé. Voici le gobelet avec lequel nous buvons l’eau de nos sources. Tout cela, Monseigneur, vous nous l’avez offert alors que nous n’avions plus rien. Du plus profond du cœur, la population de Ahamba Dikoko vous remercie. Que Dieu vous bénisse et vous accorde longue vie.» Monseigneur Nicolas Djomo est ému aux larmes. Il est bouleversé.
S’en suit de longs palabres, mais le soleil descend et il faut penser à rentrer à Shilo.
Il est 18h 30 il fait presque nuit quand la moto épiscopale nous retrouve toujours au même endroit embourbés avançant mètre par mètre péniblement. Nos avons envoyé quelqu’un au village chercher le véhicule de l’évêque avant le passage boueux. Je rentre avec lui.
Nous sommes accueillis par les Lokombe et les danses. L’équipe de la jeep nous rejoint enfin vers 19 h 30 ! Pas besoin de berceuse ce soir là.
Dimanche matin vers 8 h 30, Monseigneur Nicolas Djomo Lola dit sa première messe à Shilo en grande tenue épiscopale. Coiffé de la mitre et appuyé à sa crosse, il avance magistral au milieu des chrétiens subjugués… Les Lokombes résonnent c’est magnifique !
Après la messe, vers 10 h 30 nous quittons nos beaux pagnes pour enfiler nos tenues de brousse. Il faut rentrer à Tshumbe à environ
Vers 15 h 00 nous arrivons enfin les oreilles encore toutes pleines des sons des tam-tams et des « Yayo ».
Voilà, mission accomplie !
Je rappelle à cette occasion, que l’intitulé de notre association « Ona ele ona » est du Otetela et signifie : Un enfant est un enfant. Tous les enfants du monde ont les mêmes droits : Education, santé, bonne alimentation, culture, protection… Ce pont permettra de leur donner accès à leurs droits.
C’est pourquoi je remercie personnellement et au nom des enfants du Sankuru avec qui je vis chaque jour, chaque personne qui a participé à aider notre association à réunir les fonds nécessaires à la construction de ce pont. C’est un simple pont bien sûr, mais c’est aussi un symbole de fraternité entre les peuples. Cette région particulièrement enclavée est complètement oubliée et pourtant des enfants y naissent chaque jour et y grandissent dans une misère que vous n’imaginez pas.
Je serai en France fin novembre et jusqu’à fin janvier. Si vous désirez me rencontrer afin que je vous présente tout ce qui a été accompli avec les fonds récoltés par « Ona ele ona » durant cette année, vous pouvez me contacter au : 04 94 87 35 78.
Encore du fond du cœur un Grand MERCI.
Martine O Congo
récapitulatif en photos des actions en 2006/2007
Réhabilitation de la pompe et du circuit d'eau (Lubefu)
construction du pont de Shilo
Assistance aux lépreux.
Assistance aux bébés orphelins.
Aide aux enfants vulnérables.
Création d'un centre de rattrapage scolaire
classe pour les enfants vulnérables.
Un pasteur prête son église pour l'école des mamans.
Des volontaires construisent la première école en rameaux
Les mamans commencent à étudier.
Les mamans remercient Martine, Caritas et le Rotary.
Opération "bol de riz " dans un établissement scolaire français, pour aider à la construction des étangs.
Merci à tous .
TERMINE !!!! et oui enfin les véhicules peuvent passer sans danger ;j'ai reçu quelques photos, les voici !!!
Un grand bravo à tous ceux qui ont participés à la construction et merci aux donateurs.
Une pancarte est prévue à l'entrée du pont, Martine doit nous faire parvenir la photo.
Les premières photos du début des travaux pour le pont de Shilu !!!
Abattage des premiers arbres pour en faire des piliers servant au pont, et transport du pilier sur le chantier .
Voici une série de photos montrant les travaux, jusqu'à l'aboutissement du pont, petit commentaire de Martine, avec l'argent récolté nous avons pu faire le pont de Shilu, et un pont sur un bras de rivière juste à côté.
Bonjour à tous,
MamAn est venu me rendre visite ! Elle résiste bien et pourtant c'est dur dur. Elle un peu vomi en visitant l'hôpital de Lubefu. C'est surtout la salle d'opération avec sa belle table couleur rouille locale et son éclairage (une boite de sardine avec de l'huile de palme) qui l'a rebutée. Mais je tiens à signaler que cet hôpital n'est pas le pire.....
Sinon les enfanst des orphelinats lui ont fait un triomphe, elle a pu vérifier que l'eau coule à Lubefu, elle assiste au début des travaux pour la construction du pont "Ona ele Ona" à Shilu et elle reçoit chez moi les bébés orphelins que nous prenons dans le réseau des mamans.
Je vous envoie quelques photos.
Merci à tous pour votre aide.
Martine O Congo
J'ai reçu les photos, il faut les mettre au bon format, par contre je viens de recevoir le texte qui va avec, je vous fait partager mon plaisir à lire les aventures de Pierrette au Congo, texte écrit par Martine (c'est dire ) Bonne lecture, d'ici peu, les photos viendront l'agrémenter !!
Les visites de l’été :
Maman Pierrette :
C’est avec la plus grande joie que j’ai a accueilli ma maman début juillet à Lodja.
Les mamans du « Réseau solidaire des mamans » (Celles qui accueillent les bébés orphelins) lui font un triomphe accompagné par les lokombés (tam-tams locaux) !
Pierrette a la larme à l’œil….
La jeep est pratiquement chargée le lendemain. A son arrivée elle ne défait pas les valises : Départ pour Lubefu et Shilo. Les enfants de l’orphelinat attendent les vivres et le chantier du pont « Ona ele Ona » doit être mis en route ! Ici on ne rigole pas on travaille !
Départ le matin à 7 h 00 de bonne heure et de bonne humeur ! Maman Pierrette (c’est comme çà que tout le monde appelle la maman de Martine).
A peine attaque-t-on la forêt que les sensations fortes commencent… La jeep se dandine de gauche à droite, montant et descendant les fossés. Maman Pierrette est accrochée à moi et pousse des cris, menaçant de continuer à pieds ! Bon, d’accord, mais 300 km à travers savanes et forêts, c’est loin…
J’ai décidé de faire le chemin d’une seule traite avec quelques escales de repos. Au bout d’une trente, c’est le passage du bac. Maman Pierrette fait des yeux ronds : « On va passer là dessus ? » « A moins que tu ne préfères prendre la pirogue. Regarde à gauche. ». Le choix est vite fait : option bac !
Au bout de 40 minutes, c’est la crevaison. Evidemment, le pneu de secours est dégonflé et nous n’avons pas de pompe. Pas la peine de hurler sur le chauffeur çà ne sert à rien. Maman décide d’atteindre la mission de Okolo à pieds. Elle aime la marche. Le chauffeur dit que c’est à côté (méfiance). Il est 11 h 30, le soleil est haut et nous sommes à l’entrée de la savane. Au début c’est une promenade, avec Bilouise et deux des enfants de l’orphelinat de Lodja qui nous accompagnent. Plus on avance et plus nous sommes au milieu de rien. La forêt d’Okolo semble plus éloignée que prévu…
Une heure plus tard, c’est la canicule et maman commence à s’essouffler. « Hostile la nature ! ». Un vrombissement de moteur derrière nous. C’est notre ange gardien Alfred qui part à Shilo pour démarrer le pont. Il nous suivait en moto ! Il embarque maman au bord de l’épuisement et nous double pour aller chercher une pompe.
Nous arrivons à pieds à la mission où maman nous attends, grignotant un ananas servi par l’abbé. La jeep nous rejoint et nous reprenons notre périple.
Etape suivante, Owélé. Le chef est là qui attendait maman Pierrette (Voyage annoncé depuis longtemps). Nous avons droit à un bon jus d’ananas (c’est la saison) tout juste pressé. C’est un délice. Nous ne nous attardons pas car il faut arriver avant la nuit sur les petits ponts…
Cette partie de route est agréable. C’est de la savane à perte de vue. Pas de lion en vue, ni d’éléphant. On les a tous mangés….
Arrivée à Tshumbe vers 17 h 00. Dormir ici ou continuer. Maman est épuisée. Nous roulons depuis 7 h du matin et nous n’avons fait que 150 km. J’ai pitié. « On dort à Tshumbe si tu veux, mais demain, çà sera dur de reprendre la route. Je te connais. Tu ne vas pas fermer l’œil de la nuit et demain çà sera pire. » Après une minute de réflexion, c’est le départ ! « Tu as raison. En route ». Je suis admirative de son courage. Nous voilà partis. Alfred prend le volant. La route vers Wembonyama est terrible. C’est pour çà que je voulais qu’on passe avant la nuit. Nous traversons des petits de bois en rondins ou en planches au milieu des marais. Evidemment maman Pierrette descend avant chacun d’entre eux et passe à pieds. Pas question de tomber à l’eau avec la jeep ! C’est l’épouvante ! Elle est terrorisée mais la fatigue aidant, il n’y a presque plus de cris. Seulement de profonds soupirs…
Le plus dur est passé. Après le village, nous attaquons la grande savane jusqu’à Lubefu. Les têtes balances de gauche à droite et d’avant en arrière au rythme de la route. Il fait nuit noire. Pas une lumière à des dizaines de kilomètres.
Nous arrivons à Lubefu vers 21 h 00 fourbus mais vivants…
Les abbés nous attendent pour dîner. Pas question ! Maman Pierrette part au lit tout de suite.
« A demain ! »
Prochain épisode : Visite de l’orphelinat, de l’hôpital et de la turbine de la pompe à eau.
Nous rentrons avec le père Duda de Lubefu. Ce fut un voyage éclair en Noël et le jour de l’an.
Nous avons installé la lumière (panneau solaire, batterie et réglettes 12volts) cadeau des Kiwanis et des Innher Weehl de Sanary sur mer (Var) et des ballons envoyés d’Allemagne par monsieur Hippolyte Ndjadi. Les enfants étaient fous de joie !Quant à moi, j’étais aux anges. Le petit Oleko qui pleurait toujours les mains sur sa tête en me voyant depuis un an, m’a tendu enfin les bras et fait des câlins. C’est dans la poc
À PROPOS DE L’ORPHELINAT DE LUBEFU ( DIOCESE DE TSHUMBE)
Le Diocèse de Tshumbe est au cœur de la République Démocratique du Congo, entre les rivières Lomami et Sankuru, dans la province de Kasaï Oriental. Il s’étend sur une superficie de 60 000 km2 avec une population de plus d’un million d’habitants dont plus de 60 % est catholique. Par sa situation géographique, le Diocèse constitue une région enclavée. Il comporte en son sein une congrégation des sœurs de saint François d’Assise qui s’occupait d’un orphelinat à Lubefu avant les troubles politico- militaires qui avaient secoué les RD Congo. Durant de ces six dernières années, les effets négatifs de l’isolement du diocèse ont été accentués. Les infrastructures détruites, le nombre des personnes vulnérables en augmentation pendante que les moyens matériels et les assistances faisaient défaut. Pour cela, les communautés religieuses des sœurs avaient pris en charge certains des enfants orphelins selon les moyens de Bord. Le nombre de ces enfants étant en croissance et les moyens faisant défaut, l’ordinaire du lieu a pu récolter des fonds pour assister ces être humains vulnérables sous forme d’un projet d’une durée de un an (avril 2005- avril 2006) Ce programme piloté par la Caritas Diocésaine a réhabilité la maison de l’orphelinat de Lubefu.
Cette maison d’accueil est située dans la paroisse de Lubefu au chef lieu du territoire de Lubefu du côté de la rive gauche. Le bâtiment réhabilité à 90% est de 325 m2 avec une cuisine externe de 15 m2 Il a été équipé en différant meubles et ustensiles de cuisine. On y héberge actuellement 37 enfants orphelins de père, de mère ou de deux. Par mis eux nous comptons 26 enfants en âge scolaire qui fréquentent les 2 écoles primaires de la place, 4 enfants bébés dont l’âge varie entre 2-12 mois et 7 enfants de 1-5 ans non encore scolarisés.
Ils sont tous logés convenablement, nourris, habillés, soignés et scolarisés. Les cahiers des enfants scolarisés sont chaque soir contrôlé par les mamans surveillantes. Le personnel affecté à ce travail compte 12 personnes y comprit la sœur maîtresse de la maison.
La gestion quotidienne de la maison est assurée par la communauté des sœurs de la paroisse de Lubefu pendant que le suivi du projet est assuré par la Caritas Diocésaine.
Le transport des vivres et des non-vivress vers Lubefu est difficile par manque de moyen de déplacement autonome. Lubefu se trouve à 150 km de Tshumbe et à 300 km de Lodja qui sont les grands centres de ravitaillement pour Lubefu.
Une cuisine externe a été aménagée et fonctionne merveilleusement et la parcelle sécurisée par une clôture et un portail.